L’essentiel du développement des compétences psychosociales chez les élèves

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La question du développement des compétences psychosociales chez les élèves et de son impact sur les résultats scolaires se retrouve aujourd’hui sous les feux de l’actualité. Les diverses théories et approches entourant ces compétences révèlent leur nature diversifiée et mettent le doigt sur la difficulté de les organiser et de les classer.

Elles ont été définies en 1993 par l’OMS comme « la capacité à faire face efficacement aux exigences et aux défis de la vie quotidienne » permettant l’adoption de comportements favorables au bien-être et à la santé. En effet ces compétences psychosociales (CPS) englobent un large éventail de capacités telles que la créativité, l’autonomie, la confiance en soi, l’estime de soi, ou encore le travail d’équipe, et ces compétences ne sont pas considérées comme purement académiques.

Il me semble néanmoins que trois éléments clés puissent être mis en évidence :

• Elles sont transversales et applicables dans des situations, des domaines et des carrières variés par rapport à des compétences plus académiques ou disciplinaires.
• Elles sont dynamiques et évolutives et peuvent ainsi se développer au fil du temps,
• Elles peuvent être alimentées, enrichies individuellement ou au sein de relations interpersonnelles. Les adaptations et ajustements intrinsèques agissent sur l’autonomie, la confiance en soi ou encore la motivation, alors que les interactions externes affectent davantage la collaboration et l’empathie.

L’absence de ces compétences peut entraîner des répercussions négatives sur le comportement et la santé des élèves. Le ministère de la Santé en France s’est penché sur la question depuis de nombreuses années et a théorisé les compétences psychosociales. Les recherches ont permis d’établir un référentiel de ces compétences en 2022 (état des lieux des recherches), mettant en évidence le bienfaits sur la santé physique, mentale, et sociale, l’insertion professionnelle, la prévention des conduites à risques et plus globalement un « savoir vivre » tendant vers une réussite éducative réelle.  Elles ont été organisées autour de trois grands domaines :

• Le domaine cognitif, englobant la prise de conscience, la compréhension de son fonctionnement, la pensée critique, la capacité à décider de façon constructive, à se définir des objectifs et les atteindre…)
• Le domaine émotionnel, relié à l’intelligence émotionnelle (écoute, empathie, résilience, maîtrise et estime de soi…), connaissance, gestion et régulation de ses émotions.
• Le domaine social, se référant entre autres à la communication verbale et non verbale, à la collaboration, l’esprit d’équipe, le savoir vivre ensemble, et donc le développement de liens sociaux.

Des études et expérimentations mettent en lumière l’importance des compétences psychosociales dans le développement psychologique, les interactions sociales (au sein du groupe classe, mais plus largement au sein de l’établissement), le bien-être et la réussite scolaire des élèves. Un lien direct est ainsi établi entre le développement de ces compétences et l’amélioration des résultats scolaires, le développement des comportements positifs (communication non violente, bienveillance) et la réduction des comportements à risque chez les élèves. Ne parle-t-on pas de lutter contre les différentes formes de harcèlement à l’école ?

Compte tenu de l’évolution des exigences du marché du travail, où les soft skills deviennent de plus en plus essentielles, le développement des compétences psychosociales est crucial dans le but de la préparation optimal des étudiants à une future insertion professionnelle. Les crises actuelles (COVID en particulier) ont mis en évidence l’importance de faire face aux problèmes du bien être des élèves et de renforcer leur résilience par le développement de ces compétences. Les compétences regroupées autour du Savoir Devenir peuvent y contribuer.

Et si les ministères concernés (santé et éducation) rassemblaient leurs énergies et ressources afin de répondre au mieux aux développement des compétences psychosociales et des compétences de vie nécessaires aux mutations du monde du travail ? Et si les compétences non-« académiques » étaient davantage prise en compte, intégrées dans les programmes ? Arrêtons de compartimenter, de cloisonner, essayons d’avoir une vision plus hybride de l’éducation et de la formation.

Dominique GEIMER Mars 2024